Je vais être franc avec vous : cette question revient régulièrement dans ma boîte mail, et j’avoue que parfois, je me demande si certains propriétaires d’insert ont vraiment conscience des risques qu’ils prennent. Après quarante années passées à travailler le bois et à rénover de vieilles bâtisses, j’ai vu suffisamment de dégâts pour vous donner une réponse catégorique.
Pour les pressés :
Brûler du laurier dans un insert présente des risques mortels selon cet expert expérimenté.
- Danger mortel : Le laurier rose et le laurier-cerise libèrent des gaz toxiques (cyanure, glycosides cardiotoxiques) potentiellement fatals lors de la combustion
- Risques techniques : Formation rapide de bistre inflammable, encrassement accéléré des conduits, pouvoir calorifique faible (15 MJ/kg) et combustion irrégulière endommageant l’équipement
- Sanctions légales : Le Règlement sanitaire départemental interdit l’incinération de matériaux dangereux, risque de sanctions et refus d’indemnisation par l’assurance
- Alternatives sûres : Privilégier les essences traditionnelles G1 (chêne, hêtre, frêne) avec un taux d’humidité sous 20% et séchage minimum 18 mois
Comprendre les différentes variétés de laurier concernées
Permettez-moi d’abord de clarifier une confusion fréquente : quand vous parlez de laurier, de quelle plante s’agit-il exactement ? Le terme regroupe plusieurs espèces aux propriétés radicalement différentes. Le laurier sauce (Laurus nobilis), que vous connaissez probablement pour ses feuilles aromatiques en cuisine, pousse naturellement dans nos régions méditerranéennes. C’est celui qui pose le moins de problèmes, mais attention, cela ne signifie pas qu’il soit sans risque !
Le laurier rose (Nerium oleander), en revanche, représente un danger mortel. Cette plante ornementale contient des composés glycosidiques cardiotoxiques qui se transforment en gaz hautement toxiques lors de la combustion. J’ai déjà vu des pompiers intervenir pour des intoxications liées à ce type de combustion – croyez-moi, ce n’est pas beau à voir.
Enfin, le laurier-cerise (Prunus laurocerasus) libère des glycosides cyanogénétiques qui produisent de l’acide cyanhydrique – autrement dit du cyanure – quand on le brûle. Même à faible dose, ce gaz reste mortel. Franchement, qui voudrait transformer son salon en chambre à gaz ?
| Type de laurier | Nom scientifique | Niveau de danger | Substances toxiques |
|---|---|---|---|
| Laurier sauce | Laurus nobilis | Modéré | Huiles essentielles volatiles |
| Laurier rose | Nerium oleander | Mortel | Glycosides cardiotoxiques |
| Laurier-cerise | Prunus laurocerasus | Mortel | Acide cyanhydrique |
Quels risques pour la santé et votre équipement
Même si le laurier sauce semble moins dangereux, sa combustion reste problématique. Les huiles essentielles qu’il contient se volatilisent et créent des gaz irritants accompagnés de suies épaisses. Les symptômes peuvent inclure des irritations respiratoires, des maux de tête, des nausées, des vertiges et des irritations oculaires. Après des années à respirer toutes sortes de poussières de bois, je peux vous assurer que ces désagréments ne sont pas anodins.
Du côté technique, l’utilisation de bois de laurier dans votre insert engendre plusieurs problèmes qui vous coûteront cher. La formation rapide de bistre – cette substance goudronneuse inflammable – encrassera vos conduits bien plus rapidement qu’avec du bois traditionnel. Vous devrez multiplier les ramonages et risquer des feux de cheminée.
Le pouvoir calorifique du laurier avoisine seulement 15 MJ/kg, contre 18 à 20 MJ/kg pour du chêne ou du hêtre bien secs. Autrement dit, vous consommerez davantage de bois pour obtenir la même chaleur. La combustion irrégulière génère des hausses brutales de température qui fragilisent joints et vitrages de votre insert.
En France, le Règlement sanitaire départemental type interdit l’incinération de matériaux dangereux dans les cheminées et inserts. Brûler du bois contenant des substances toxiques peut vous exposer à des sanctions, sans compter que votre assurance pourrait refuser toute indemnisation en cas d’incident.

Alternatives sécuritaires pour alimenter votre insert
Plutôt que de jouer à la roulette russe avec du bois de laurier, je vous recommande vivement de vous tourner vers les essences traditionnelles classées G1 dans la nomenclature française. Le chêne offre une excellente durée de combustion avec une chaleur intense, parfait pour ces longues soirées d’hiver que j’affectionne tant après une journée de travail.
Le hêtre et le frêne constituent également d’excellents choix : faciles à allumer, ils brûlent lentement tout en produisant une chaleur régulière. L’érable et le charme complètent cette liste d’essences sécuritaires qui minimisent la production de créosote.
Si vous possédez déjà du bois de laurier, voici quelques alternatives intelligentes :
- Utiliser les rameaux de laurier sauce en cuisine pour aromatiser vos plats
- Composter les déchets (avec précautions pour le laurier rose)
- Broyer le bois pour créer un paillage naturel
- Apporter les déchets à la déchetterie
- Utiliser le bois vert en tournage ou menuiserie si vous pratiquez ces activités
Conseils pratiques pour un chauffage sûr et performant
Après des décennies à chauffer au bois, j’insiste sur quelques points fondamentaux. Le taux d’humidité de votre bois doit impérativement descendre sous les 20%. Un bon bois sonne creux quand vous le frappez et présente des fissures naturelles aux extrémités – c’est un truc que j’ai appris de mon père, et qui ne m’a jamais trompé.
Le stockage joue un rôle déterminant : privilégiez un endroit sec et ventilé, surélevé du sol. Comptez minimum 18 mois de séchage, idéalement deux ans pour les essences dures. Le bois humide favorise la formation de créosote et multiplie les risques de feu de cheminée.
Si malheureusement vous avez déjà brûlé du laurier par inadvertance, aérez immédiatement votre logement, nettoyez les dépôts dans l’insert et prévoyez un ramonage anticipé. Surveillez votre état de santé et n’hésitez pas à consulter un médecin si des symptômes respiratoires apparaissent.
Pour résumer : non, je ne vous recommande absolument pas de brûler du bois de laurier dans votre insert. La sécurité de votre famille et la longévité de votre équipement valent largement l’investissement dans du bois de qualité. Faites-moi confiance, votre cheminée vous remerciera.




